Rah, je déteste raconter ma vie, car pour être honnête, il n'y a rien d'intéressant à dire. Mais bon, je vais commencer par le début, qui n'est autre que la rencontre de mes parents. D'après ce que j'ai pu comprendre, ils ne se sont pas rencontrés en Espagne, alors qu'ils ont toujours vécu à quelques kilomètres l'un de l'autre. Le destin peut parfois faire des choses vraiment étrange. Enfin, tout cela pour dire, que c'est lors de vacances en France qu'ils ont eu une sorte de coup de foudre. Presque immédiatement. Après, ils ne sont plus quittés. Ce que ma mère, Luisa Tosar, ne savait pas, c'est que mon très cher géniteur était le seul héritier d'une grosse fortune et que sa vie avait complètement changé dès qu'elle lui avait permis de l'embrasser. Ulises Suàrez, mon très cher papa, n'a jamais vraiment accepté son statut de privilégié et il a toujours tout fait pour mettre mon grand-père en rogne, réussissant très souvent soit dit au passage. C'est peut-être la raison de ma venue au monde en fin de compte, même si on ne me l'a jamais réellement dit de vive voix. En tout cas, je sais qu'il a toujours refusé que mes parents puissent ce mariés, chose qui a changé quand ma mère a appris qu'elle m'attendait. Je pense qu'il avait peur qu'elle n'en veuille qu'à son argent, mais ce n'était pas du tout le cas. Bien que je ne l'ai pas très bien connu, je sais que la seule chose qui la gardait aux côtés de mon père, c'était son amour pour lui. En revenant de France, ils ont rapidement pris la décision de s'installer ensemble et de voir ce que cela allait donner. Bien entendu, la famille Suàrez n'a pas très bien accueilli la nouvelle venue, sauf ma tante qui était plus qu'heureuse pour son frère. Je ne parle même pas de ma grand-mère, la reine des glaces. C'est sept mois plus tard que je rentre dans l'équation, le jour de ma procréation. Ils n'ont pas vraiment lésiné, mais même si cela ne faisait pas longtemps qu'ils étaient en couple, j'étais vraiment désirée. Bon, je ne vais pas vous raconter les neuf mois de grossesse, ce serait vraiment idiot puisque je suis née avec près d'un mois d'avance. C'est le trente décembre, peu avant vingt-trois heures que j'ai vu pour la première fois le jour, enfin plutôt la lumière éblouissante des néons de la salle d'accouchement. Le problème est que mes parents avaient la certitude que j'allais être un garçon, ils avaient voulu garder le secret pour plus d'émotion et ils ont été plus que surpris. Bien entendu, cela ne changeait rien pour eux et j'ai reçu plus d'amour que je ne pourrais jamais en donner en retour. Donc, il ne pouvait certainement pas me prénommer Alejandro, cela aurait fait un peu désordre. Après près de trois heures de discussion, c'est pour Guadalupe qu'ils ont eu un coup de cœur. Bien entendu, cela vient de la généalogie de la famille puisque c'était le prénom du premier enfant de mes grands-parents maternel, décédée alors qu'elle n'avait que trois mois. Une sorte d'hommage. Pour Luisa, je ne vous explique pas, cela coule de source.

Bon, comme tout le monde je ne me souviens pas du tout des premiers mois, voir des premières années de mon existence. Mais je vais essayer de vous en dire le plus possible par rapport à ce que l'on a pu me dire. Du côté familial, il paraît que Humberto, mon grand-père a tout de suite changer d'avis sur ma mère quand il m'a vu, disant qu'il était fier de sa belle-fille. J'étais un peu le centre d'attention de tout le monde, apparaissant même pour quelques photos dans un magasine sur les richesses mondiales pour annoncer ma naissance. Je peux vous dire que j'aurais bien aimé m'en passer, le fait d'être une Suàrez pour être déjà un handicap en soit, alors je dis très souvent que je n'ai aucun lien de parenté avec ma famille. Après tout, c'est un nom assez courant dans le monde. Enfin, alors que je n'avais que trois ans, nous avons quitté Barcelone pour nous rendre à Madrid, où mon père devait reprendre la tête d'une des entreprises familiales. C'était surtout une sorte de nouveau départ loin des parents respectifs, ils pouvaient enfin vivre comme ils le voulaient. Une bonne chose en soit. J'ai donc grandi dans un environnement sain, avec pour modèle ma mère qui restait à s'occuper de moi pendant que mon père allait travailler. On se serait cru dans les années cinquante, sauf que ma mère était plutôt tranquille, avec une femme de ménage et une personne pour l'aider à faire la cuisine, elle n'était pas réellement surmenée. Celui lui a pesé sur la conscience, être une femme entretenue n'était pas dans ses ambitions. Mon père m'a dit cela un jour, comme cela, sans aucunes raisons. Tout cela pour dire que je n'ai pas manqué d'attention et encore moins d'amour de leur part. Ils étaient toujours présents pour moi et c'est toujours le cas pour mon cher papa qui est parfois très envahissant. Parfois étouffant. Après comme tout enfant, j'ai fait mes premiers pas quand j'avais onze mois et je n'ai dit mon premier mot que quatre mois plus tard, ce qui avait beaucoup inquiété mes géniteurs. Après tout, j'avais vu le jour avec un mois d'avance et il y aurait pu y avoir des séquelles, mais non. En fait, pour ce qui est de parler, je me suis rapidement rattrapé, à leur grand damne cette fois-ci. Les années suivantes ont été plutôt calme d'après mon père et je ne me souviens pas de truc marquant, avant le décès de ma mère quand j'avais six ans. Elle a commencé à se sentir plutôt faible et à être très souvent fatiguée, voir irritable. Rester en ma compagnie la faisait s'énerver et sa patience était mise à rude épreuve. Souvent, elle se plaignait de maux de ventre et vomissait très souvent, ce qui a fait croire à une nouvelle grossesse. Puis, un jour je l'ai retrouvé sur le sol de la cuisine, inconsciente. La femme de ménage, Esperanza, qui était là pour la journée est venue me rejoindre après avoir entendu mon cri et à rapidement appeler les secours, puis ensuite mon père. Ce n'est que deux semaines plus tard qu'elle nous à quitter, dans son sommeil, sereinement. Elle n'avait que trente ans et sa vie était terminée. Quand j'ai été en âge de comprendre, on m'a expliqué ce qu'était un cancer foudroyant, depuis ce jour, je hais tout simplement ce mot. Après cela, je me suis retrouvée seule avec mon père et la gouvernante qu'il avait engagée pour s'occuper de moi. Je crois que c'est à cette époque que j'ai commencée à montrer les mauvais côtés de mon caractère.

Cela a empiré quand mon père est venu un jour avec une femme à la maison, c'était un peu plus d'un an après le décès de ma mère et je l'ai tout de suite détestée. J'avais compris qu'elle n'était pas seulement de passage, surtout au comportement de mon géniteur. Je l'ai très mal pris, surtout que je me remettais seulement et doucement de la disparition de celle qui m'avait mise au monde. Pour moi, il lui était infidèle et même si j'étais jeune et que je ne comprenais pas réellement, je lui en voulais plus que tout. Comme est-ce qu'il pouvait lui faire cela ? Voyant qu'il ne faisait plus vraiment attention a moi, j'ai commencé à ne plus faire mes devoirs, à répondre à mon institutrice et à rendre tout simplement folle ma gouvernante. Je n'avais rien de mieux à faire pour que l'on me remarque et pour que mon père me revienne. J'avais parfois l'impression qu'il m'en voulait pour le décès de ma mère. Puis un jour, il me l'a présentée officiellement et j'ai su qu'elle allait entrer dans notre vie pour un bon moment. J'avais neuf ans. Sara Lombardi, rien que son nom me donnait envie de tout casser. Elle me volait mon père et j'allais le lui faire tout simplement payer. Car c'était comme si j'étais devenue invisible aux yeux de celui qui avait participé à ma venue au monde, j'étais une sorte de fantôme. Comme ma mère. C'est devenu pire, si cela est possible quand j'ai appris que j'allais devenir grande sœur. Là, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Je venais de faire ma rentrée en cinquième et il faut le dire, mon statut de fille unique me convenait très bien. Au fond de moi, j'ai pris cela comme un affront de sa part à elle, tout ce qu'elle voulait, était tout simplement mon père et elle était capable de tout pour arriver à son but. Là, je suis entrée dans le monde des conneries de "grand". Les devoirs étaient toujours relégués au second plan et j'avais pris l'habitude de voler de l'argent dans le porte-feuille de mon père pour aller acheter des cigarettes. Bien entendu, je séchais l'école en compagnie de quelques amis pour aller fumer, rien de mieux que d'éviter les mathématiques ou encore les sciences. Il ne voyait toujours rien, surtout, car j'arrivais très facilement à intercepter les courriers de mon collège. Puis, il est né. Je dois dire que je n'attendais pas sa venu au monde avec impatience, mais quand j'ai vu son petit visage, j'ai compris que je pourrais m'en faire un allié... Dans quelques années. Ils l'ont prénommé Ezequiel, idée que j'avais proposé comme cela et j'ai été surprise de voir que cela leur avait plu. Je n'ai pas changé pour autant, je suis même devenu pire puisque l'attention de mon père, était tournée vers son nouveau-né. Son fils, tant attendu. Il a vraiment compris que j'allais mal quand je suis rentrée complètement saoul un jour d'école, alors qu'il n'était que six heures de l'après-midi. Ce n'était pas ma première cuite, mais c'était bien la première fois que je me faisais prendre. Après avoir appelé le collège et avoir appris que j'avais pris l'option "je vais à l'école quand j'ai le temps", il m'a passer un savon plus que mémorable. Je pense que les murs ont tremblés, ma belle-mère a même décidée de nous laisser seuls pour que nous puissions parler tranquillement. De cette manière, j'ai pu lui dire tout ce que j'avais sur le cœur depuis le décès de ma mère, l'impression que je ressentais d'être mise à l'écart. Qu'il ne m'aimait plus. Je ne sais pas combien de temps cela a durée, mais au bout du compte j'ai fini en larmes et mon père s'est excusé de ne pas avoir fait plus attention à moi. Toutefois, le mal était fait. À partir de ce jour, nous avons fait des compromis et j'ai appris à connaître ma belle-mère qui n'était pas si terrible que cela. Mais bon, j'ai eu beaucoup de mal à le reconnaître, surtout devant elle. L'adolescence n'est jamais facile après tout.

Bien entendu, je n'ai pas arrêté la nicotine et j'ai continué à faire la fête en compagnie de mes amis. Finissant parfois dans un drôle d'état, je le reconnais. Puis, j'ai commencé à faire attention réellement aux garçons, même si ceux de mon âge n'ont jamais réellement retenu mon attention. J'ai perdu ma virginité tout simplement parce que je voulais faire comme les autres et je ne le regrette pas, le gars en question n'était pas un Dieu, mais il a fait attention à moi. Je n'ai eu que des histoires de quelques jours, voir quelques semaines et cela ne dépassait jamais un mois. Puis un jour, il est entré dans ma vie, comme un cheveu sur la soupe. J'avais très souvent entendu parler du premier fils de ma belle-mère, de mon frère par alliance par déduction, mais je ne l'avais jamais vu. D'après ce que j'avais pu comprendre, il y avait eu beaucoup d'embrouilles lors du divorce et il avait été vivre avec son père qui avait obtenu la garde. Jusqu'à ce moment. J'avais dix-sept ans et je bossais assez dur pour ne pas rater mon bac en fin d'année et qui se rapprochait de jour en jour. Il est arrivé un soir, alors que j'étais seule à la maison, en train de réviser ma littérature. J'ai été surprise quand j'ai ouvert la porte, encore plus quand il s'est présenté. Mais ce qui m'a frappé, c'est son charisme et son assurance, il avait tout pour plaire. Mon premier coup de cœur, même si je savais très bien que je n'avait aucune chance. Après tout, il était plus âgé que moi, même si ce n'était pas énorme. Une gamine reste une gamine, c'est ce que j'étais à ses yeux. Sara a été plus qu'heureuse en le voyant dans notre salon, lui aussi avait l'air plutôt ravi de la revoir. Il est resté chez nous pendant près d'un mois avant de se trouver un appartement pas très loin de chez nous et du campus. Pourtant, j'ai eu l'impression qu'il rentrait chez lui que pour dormir et qu'il passait le reste de son temps en compagnie de notre frère et de sa mère. Cette dernière en profitait même très souvent pour qu'il fasse le baby-sitter lorsque qu'elle avait un rendez-vous. C'est peu après l'obtention de mon diplôme que cela a changé entre nous, même si ça n'a pas été radical. Je croyais qu'il n'y avait personne chez nous, les trois étant parti pour un petit weekend, j'avais la maison pour moi. Avec mon petit-ami du moment, nous avions plus que besoin de nous retrouver et je l'ai donc invité. À peine la porte ouverte et refermer, il m'a collé contre cette dernière et nous nous sommes laissé aller comme les ados que nous étions. Jusqu'à entendre un raclement de gorge, heureusement, nous étions encore habillés. Mes joues sont sûrement devenue aussi rouge qu'un camion de pompier quand j'ai croisé ses yeux et j'ai rapidement mis mon copain à la porte avant de me rendre dans la cuisine. Il m'a fait un sermon pas possible et je lui est rétorqué qu'il n'était pas mon père et donc, qu'il n'avait rien à me dire. Je ne me rappelle pas avoir tant crié de ma vie, même quand je me suis expliqué avec mon géniteur. Tout ce dont je me souviens, c'est d'avoir fini avec lui dans le même lit. C'est devenu plus difficile après, il m'a dit que c'était une erreur et que cela ne devait pas se reproduire. Je l'ai laissé dire, sachant très bien que je ne le laisserais pas m'échapper. Il y avait quelques choses entre nous et je devais avouer, même si ce n'était qu'à demi-mot, que j'avais des sentiments pour lui. On s'est évité un bon moment, avant que tout lâche et qu'on ne puisse plus se retenir. Cela fait maintenant cinq ans qu'il partage parfois mon lit, sans toutefois qu'il est une place particulière dans ma vie. Toutefois, personne n'est réellement au courant de notre relation, certainement pas nos parents. Pourtant, cela commence à me peser, cette histoire libre est très dur à vivre, surtout depuis que je me suis rendu que ce que je ressentais était de l'amour. Je vais lui avouer dans pas longtemps, mais comment est-ce qu'il va le prendre ?