« Monsieur Perez, parents, chers élèves, nous voici arrivés au bout de ce que nous pensions être un vrai calvaire. Nous avons tant attendu ce jour qu’il semble presque irréel d’atteindre enfin le bout du tunnel. Et après toutes ces années d’obligations, de devoirs, de colles, de galas et autres mondanités je crois pouvoir dire que je vais être nostalgique de ce temps là. Bon nombre de mes camarades pensent aujourd’hui pouvoir commencer une nouvelle phase de leurs vies, qu’ils vont pouvoir tourner la page sur celle-ci et devenir une nouvelle personne à l’université. Certains se voient déjà populaires où plongés dans un nouveau livre chaque semaine mais je ne partage pas cette vision des choses. Pas parce que je suis incroyablement sceptique ou que je désire mettre à mal votre moral, de toute façon j’ai déjà ma place à l’université cela n’arrangerais pas mes affaires, mais simplement parce que je pense que nous sommes déjà les personnes que nous devons être. Peut-être que ce n’est pas ce à quoi nous rêvions lorsque nous étions enfant, peut-être que ce n’est pas exactement ce à quoi s’attendaient nos chers parents mais c’est ce que nous désirons être. Nous avons été façonnés par tout un tas de proches ou non, par nos professeurs, nos amis, et parfois même Kelly et Brenda de Beverly Hills mais ce que nous sommes, nous pouvons en être fiers. Nous représentons l’avenir, et cet avenir est à nous. Winston Churchill a déclamé ces quelques mots, Agissez comme s'il était impossible d'échouer. Alors monsieur le directeur, parents et amis ici présents, c’est le moment d’agir comme s’il était impossible d'échouer, soyez vous-même, arrêtez d’accorder tant d’importance au regard des autres. Vous êtes votre seul ennemi alors ne perdez pas de temps à avoir peur de vous, commencez à vivre. »

Face à son miroir, Melosa essayait tant bien que mal d’achever son discours de major de sa promotion. C’était un honneur dont elle ce serait bien passé étant donné qu’elle travaillait sur son bref moment d’oratrice depuis déjà cinq bonnes heures. Incapable de trouver quelque chose qui lui convienne, elle avait déjà noircie nombre de pages qui avaient finalement rejoint la poubelle. Debout devant son miroir, elle soupira et pivota avant de sursauter. Son père se tenait dans l’embrasure de la porte. Son cœur s’emballa et instinctivement elle observa les objets l’environnant pour pouvoir se défendre en cas de besoin. Non que son père soit d’un naturel violent mais comme il n’était jamais au naturel et toujours à quatre gramme elle préférait prévenir que guérir. Il ne devait pas être là et il semblait en avoir tout aussi bien conscience. Il n’essaya pas d’avancer vers elle et resta accoudé à la porte, sûrement parce qu’il ne pouvait faire autrement. « C’est un très joli discours. » Voila qui réglait la problème de savoir s’il était bien ou non, bon pour la poubelle, elle froissa la feuille et la jeta immédiatement sous les yeux de son père. Il n’avait jamais mérité le droit de s’immiscer comme cela dans sa vie, et avait depuis longtemps perdu le statut même de père. Pour Melosa, c’était seulement un étranger. « Je voulais juste te féliciter, ma mère m’a dit pour ton truc de promotion là. » Elle avait du le forcer à venir, et bien qu’elle adorait sa grand-mère plus que tout, il y a des fois où elle ferait mieux de rester en dehors de ses affaires. « Je dois sortir. » Attrapant la première veste lui passant sous la main, elle contourna cet homme qui ne savait rien d’elle pour simplement éviter de respirer le même air que lui, cela lui demandant bien trop d’effort pour rester calme et sereine. Aujourd’hui elle devait finir son discours et il était hors de question de se déconcentrer.