Sujet: (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) Dim 23 Jan - 20:57
« Merde, Lucie, ton réveil ! » Je soupirais et enveloppais ma tête dans mon oreiller, essayant d'échapper au bruit strident du réveil de ma soeur. Âgée de seulement dix-neuf ans, elle faisait encore des études, et devait se lever tous les matins. Après la fin de mes études de psychologie, il y a quelques mois, j'avais décidé de prendre une année sabbatique avant de commencer dans la vie active. Mais faire la grasse-matinée tous les jours n'était pas chose facile avec le réveil de Lucie qui sonnait tous les matins, surtout quand cette dernière ne réagissait pas et continuait à dormir. Je l'enviais, parfois. Pouvoir continuer à dormir alors qu'il y a du bruit, ça doit être génial. Je n'avais pas cette capacité : au moindre bruit, je me réveillais. Du coup, la plupart des mes nuits n'étaient pas complètes. Cependant, à cause de cela, Lucie réglait son réveil beaucoup plus fort pour pouvoir l'entendre, et bien qu'elle dorme dans la pièce d'à côté, j'entendais tout. Au bout de quelques minutes, je me mis à crier de rage d'entendre toujours son réveil et décidais de me lever. J'ouvris la porte de sa chambre avec fureur et me précipitais vers elle pour lui arracher sa couette, ce qui la réveilla. « Tu le fais exprès ou quoi ?! » Je lui lançais un regard noir et coupais son réveil. Je sortis alors de sa chambre pour regagner mon lit. Je m'enfonçais confortablement dans ma couette, mais impossible de me rendormir après avoir bougé du lit.
Je descendis alors dans la cuisine quelques minutes plus tard, simplement vêtue d'un short et d'un débardeur, qui me servaient de pyjama. J'y retrouvais Lucie, habillée, qui déjeunait. « Désolé de t'avoir réveillée... J'ai pas entendu mon réveil. » Je la regardais en arquant un sourcil parfaitement épilé. « Sans blague ?! » Je soupirais et m'emparais d'un bol ainsi que d'un paquet de céréales, que je versais dans le bol. « Bon, j'y vais, sinon je vais être en retard. Je rentre pas ce soir, je vais chez des amis. Je t'aime. » Alors je portais une cuillère remplie de céréales à ma bouche, je sentis les lèvres de Lucie se poser sur ma joue. Je lui souris et la regardais s'en aller. Je continuais à manger en silence, réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir faire de ma journée. L'inconvénient de prendre une année sabbatique, c'est que la plupart de vos connaissances sont occupées la journée, et que vous vous retrouvez seul. Bon, au début, c'est marrant. Mais au bout d'un moment, vous usez toutes les solutions pour éviter de vous ennuyer. Enfin, j'avais encore du temps pour y réfléchir, puisque je devais encore prendre ma douche et me préparée.
Finalement, la journée se passa assez vite. J'étais allée faire quelques emplettes le matin, et j'avais croisé une ancienne prof que j'avais à l'université. Elle était surprise de savoir que j'avais pris une année sabbatique, mais me souhaitait tout le bonheur du monde. Nous avons pris un café avant de nous séparer. J'avais ensuite rejoint Raquel à l'heure du déjeuner, presque comme tous les jours. « Comment va Lorenzo ? » avais-je osé demander. Non pas que je cache quoi que ce soit à Raquel, elle était parfaitement au courant de ce qui se passait entre son frère et moi. Je n'avais pas eu besoin de le lui dire, elle l'avait comprise toute seule. Seulement, parler de lui me rendait toujours mal à l'aise. Sûrement parce qu'il était le seul homme à me faire ressentir ça. Je n'étais plus la même dès qu'il s'agissait de lui, et je n'avais plus aucun repère. J'étais totalement perdue, sans défense. Elle avait fait comme si de rien était, comme si ma question était parfaitement normale. « Dis, je peux venir chez toi, ce soir ? » m'avait-elle demandé innocemment. J'avais accepté tout naturellement. Après tout, je ne pouvais rien lui refuser, et plus je passais de temps en sa compagnie, mieux je me portais. Souvent, c'était moi qui venait chez elle - encore plus depuis que Lorenzo était devenu ma nouvelle addiction.
Pourquoi me faire belle pour ma meilleure amie ? Bien sûr, je n'allais pas l'accueillir en mendiante, je me devais d'être respectable. Mais j'allais pas non plus enfiler ma plus belle tenue. J'avais donc enfilé un jean tout simple, ainsi qu'un débardeur. Converses aux pieds - je ne supportais pas ne pas porter de chaussures quand je recevais -, je passais d'une pièce à l'autre pour faire la cuisine et installer la table. Bon, la cuisine n'était pas mon fort, et je risquais sûrement de l'empoisonner. J'avais tenté une paella, un plat typiquement espagnol, que mon père cuisinait souvent quand il était encore de ce monde. Ca devait sûrement être immangeable, et je savais que nous finirions sûrement par commander un plat à emporter. Lorsque la sonnerie résonna dans la maison, je me lavais les mains, la cuisine étant finie. Il n'y aurait plus que quelques petites finitions à faire au moment de passer à table. J'ouvris la porte, m'attendant à tomber sur Raquel. Elle était bien là, oui. Mais avec elle, son frère, Lorenzo. Je me forçais d'esquisser un sourire, difficile à venir à cause de la surprise. Je vis le sourire de Raquel, qui avait l'air très fière d'elle pour avoir ramené son frère. Je lui jetais un regard qui voulait tout dire, et reporta mon attention sur Lorenzo. « Salut... » Je perdais tous mes moyens en sa présence, et ça me rendait folle. Il me rendait folle. Je m'écartais de la porte pour les laisser passer. « Entrez. » Raquel, munie d'un énorme gâteau, entra la première et me serra dans ses bras. Lorenzo passa devant moi. Je lui adressais un sourire avant de regarder ailleurs. Je refermais la porte derrière eux et me retournais vers eux afin de récupérer leurs affaires pour les poser dans l'entrée, et le gâteau, que j'allais mettre dans le frigo.
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❝ Raquel Alvace-Llave ❞
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Sujet: Re: (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) Dim 23 Jan - 23:58
☞ Mais voyons Cora, tu sais bien que les amies c'est fait pour ça, pas vrai?
Je n’ai jamais été une grande adepte du principe de la grasse matinée. Pour moi, rester au lit toute la matinée représente une perte de temps plus qu’autre chose, et je dois dire que c’est assez gênant. D’après mes proches, je fais partie de ces gens obsédés par le temps qui passe, la perte de ce dernier et les désavantages que cela provoque. Mais il y a bien une chose que toutes ces personnes ignorent pourtant. C’est que du temps, j’en ai beaucoup perdu, et j’en ai payé le prix. A commencer par le peu d’instants que j’ai passé avec mon père, avant son suicide. Mais ne nous aventurons pas sur ce terrain, miné depuis que je suis haute comme trois pommes. Quoi qu’il en soit, c’est à huit heures et demi que mes yeux s’ouvrirent, caressés par la douceur du soleil qui filtrait à travers les persiennes de ma chambre, un sourire affiché sur mes lèvres. D’un geste rapide, je décollai mes paupières les unes des autres, et, après avoir fixé le plafond durant une toute petite poignée de secondes, je me levai et me dirigeai vers ma coiffeuse, située dans un coin de la pièce. En chemin vers le meuble, je m’arrêtais devant l’immense miroir qui ornait ma commode. En un clin d’œil, après mettre légèrement observé, je détachai mes cheveux, remettait en place le t-shirt que j’avais piqué à Damian la dernière fois que j’étais allée dormir chez lui - j‘avais pris un de ceux qu‘il mettait le plus souvent, tout simple, noir -, et je descendis le caleçon trop grand pour moi trouvé dans l’armoire de Lorenzo, celui que je préférais parmi tout ceux qu‘il avait. Je souris, de nouveau, avant d’aller m’asseoir en face de la seconde glace, accrochée au mur, au dessus de ce vieux meuble en bois qui avait passé la Seconde Guerre mondiale. De nouveau, je m’observai, plantant mon regard dans le reflet que me renvoyait l’objet, froid. Je restai là, à me fixer, pendant quelques instants. Je n’avais jamais été à l’aise devant un miroir, en particulier celui-ci, sans même savoir pourquoi. Après avoir doucement secoué la tête, je me levai, sortit de ma chambre, descendit les marches de l’escalier quatre à quatre, sautant les dernières marches, ce qui m’avait valu la dernière fois un mois et demi de plâtre et de béquilles, et finit par arriver dans la cuisine. Comme j’avais pu l’imaginé, ma mère était absente. Elle n’était que rarement là, surtout depuis ces dernières années. Elle était soit en voyage chez des amis - de préférence loin de Lorenzo et de moi - soit constamment en vadrouille dans les rues de Barcelone. Lorenzo, quant à lui, devait sûrement travailler. J’étais donc seule, du moins jusqu’à l’heure du déjeuner.
Après m’être occupée de tout ce qu’il y avait à faire dans la maison, soit ménage, lessive, repassage et tout ce qui s’en suit, sans même prendre la peine de changer de tenue, je pris ma douche. Au bout d’à peine dix minutes, mon horreur pour la perte de temps me suivant toujours, je sortis de la salle de bains en petite tenue tout en me dirigeant vers mon armoire. Comme tous les jours, je me lançai dans une chasse au trésor, le jackpot étant une tenue convenablement assemblée et surtout qui était dans l’air du temps. On ne me surnommait pas Barbie pour rien, après tout, même si mon quotient intellectuel s’avérait plus développer que celui de la poupée créée il y a cinquante ans. C’est une jean cigarette noir, troué par endroits, un t-shirt légèrement moulant et un petit gilet gris clair qui furent les heureux élus de cette loterie quotidienne. Je regardais l’horloge au dessus de mon bureau. Midi quarante cinq. J’enfilai le dernier vêtement, une paire de chaussette puis, tout en saisissant mon sac à main au passage, je redescendis les marches qui menaient à l’entrée. J’enfilai mes converses vertes et, après être sortie en trombe de l’immense maison et avoir fermé à clefs, j’enfourchai mon vélo, faute de permis de conduire, et je me dirigeai vers notre lieu de rendez-vous quotidien à Cora et à moi-même. « Comment va Lorenzo? » m’avait-elle demandé en plein repas. Après avoir manqué de m’étouffer avec mon grain de riz, je ne pus m’empêcher de sourire, bien que légèrement pour ne pas qu’elle remarque quelque chose. Je savais pertinemment qu‘elle était raide dingue de mon frère, et le pire, ou plutôt le mieux, c‘était que son « attirance » était partagé. Par conséquent, à chaque fois qu‘ils se voyaient, ils avaient l‘air de deux grands gamins qui n‘osent pas s‘adresser la parole plus que ça. Et, à tous les coups, je ne pouvais m‘empêcher de lui commenter la scène une fois seules. « Mmh, il va bien, il va bien. Dis, je peux venir chez toi, ce soir? » J’adorais m’incruster chez les gens. En particulier chez Cora. D’autant qu’une idée me trottait dans la tête. Nous avions pris l’habitude que ce soit elle qui vienne, surtout que sa présence chez nous se faisait de plus en plus lors des heures de retour à la maison de Lorenzo. Quoi qu’il en soit, elle accepta, et j’en fus tout particulièrement ravie.
Le soir arriva bien vite, d’autant que je n’avais pas chômé durant l’après-midi. A peine rentrée à la maison après le déjeuner avec Cora que je m’étais mise au fourneau, la recette d’un fraisier sur le plan de travail de la cuisine. Il me fallut deux heures et demi, peut-être trois, pour finir entièrement le gâteau, temps de cuisson compris. Je ne doutais absolument pas du goût qu’il devait avoir : entre mes douze et quatorze ans, ma mère m’avait apprit tout un tas de recettes délicieuse, dont celle d’un fraisier parfait, le dessert que je réussissais le mieux, suivit d’un moelleux au chocolat fondant et d’une forêt noire à en couper le souffle et émoustiller les babines. Lorsque je mis la touche finale à mon « œuvre d’art », j’entendis la porte d’entrée claquer. Un immense sourire s’afficha sur mon visage. Timing parfait. Il était presque temps de partir en direction de la demeure de Cora, située dans l’Eixample. Je détachai le tablier d’autour de ma taille, et je me dirigeai vers mon frère qui ôtait ses chaussures. Sans me manifester d’une quelque conque façon, je me plaçai derrière lui. « Lèves-toi et regarde moi. Et tiens toi droit, aussi. » Avec un air d’incompréhension sur le visage, il se redressa et me regarda de façon étrange. Je ris tout en tournant autour de lui, l‘inspectant de haut en bas. « M’oui, ça devrait aller. Attends moi là, j’arrive. Et bouge pas! » Je courus jusqu’à ma chambre, troquant mon t-shirt noir contre un haut sans bretelles ni manche, enfilant autour du cou un foulard, prenant mon sac et, après avoir fait un détour par la chambre de mon frère pour lui piquer un caleçon que je mis dans une petite pochette qui trouva ensuite sa place dans mon sac à main, je redescendis. Tout en remettant mes chaussures, je dis à Lorenzo. « Aller, remets les tiennes, on sort ce soir, je t’emmènes quelque part. » Je le saisis par la main, prenant ses clefs de voiture et, passant par la place du conducteur, je m’assis côté passager en le tirant par le bras. Une fois tout les deux dans la voiture, je sortis le GPS de la boîte à gant et j’entrais l’adresse de la maison de ma meilleure amie. Je restai ensuite silencieuse durant tout le reste du trajet, évitant ainsi de répondre à ses questions quant à notre destination.
Nous fûmes rapidement arrivé et, après être sortie d’un bond de la voiture, je courus jusque la porte d’entrée. Cependant, j’attendis que mon frère soit à mes côtés avant de sonner. Comme prévu, Cora vint nous ouvrir. Je me retins de rire en voyant sa tête lorsqu’elle ouvrit la porte. Elle était surprise, ce qui était tout à fait logique. Notre soirée entre filles qui avait été prévue se transformant en blind date presque improvisé. Je levai doucement les sourcils, souriant à pleine dents, ne tenant plus en place. Elle tentait d’esquisser une sourire, mais je remarquai qu’elle se forçait. Je savais pourtant qu’au fond d’elle, elle devait être heureuse de voir la silhouette de Lorenzo derrière moi. Cora posa son regard sur moi, un regard qui voulait dire plusieurs choses à la fois. Par exemple, pourquoi as-tu emmené ton frère? Ou encore, tu sais que je te déteste? Franchement? J’aurais adoré m’avoir comme meilleure amie. La brunette adressa nous adressa un timide salut, et nous fit entrer. De suite, je lui adressai un nouveau grand sourire et je la serrai dans mes bras. Elle m’ôta le gâteau des mains et partie en direction de la cuisine. J’indiquai alors le chemin du salon à mon frère avant de suivre ma meilleure amie. J’entrai alors dans la pièce où elle se trouvait et, avant qu’elle puisse me faire une remarque, je lui tendis la pochette avec le caleçon que je venais de sortir de mon sac. « Ne regarde pas ce que c’est devant Lorenzo, ce sera un truc entre nous. Il a tellement l’habitude que je lui en pique qu’il ne remarquera rien. » dis-je à voix basse, pressée de voir sa réaction.
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Sujet: Re: (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) Lun 24 Jan - 23:46
Parfois la vie nous faisait prendre de drôles décisions, des choix qui influent toujours ou presque sur la continuité de votre existence, et cela n’était guère nouveau. Avec un certain aspect nouveau, le jeune brun aux reflets de jais ne se prenait pas le moins du monde l’esprit avec les questions existentielles qu’imposait la vie en tant qu’être humain. Il prenait les choses avec plus ou moins de légèreté en apparence pour ainsi tromper facilement son monde. Aussi versatile que plaisantin, le jeune homme se devait de prendre les devants, le taureau par les cornes pour pouvoir avancer dans un premier temps pour sa figure maternelle mais également pour sa cadette de six années pour laquelle il serait capable de déplacer tout un tas de montagnes. Les termes ne demeuraient pas assez explicites pour décrire la relation complice qui l’unissait à sa sœur en dépit des nombreux points de divergences qui auraient pu les éloigner. L’éloignement n’a pourtant jamais eu lieu, bien au contraire depuis le suicide de son paternel. Un vestige que Lorenzo avait grandement occulté pour pouvoir aller de l’avant, vivre pleinement - plus ou moins - la vie qu’il devait construire. Lui qui autrefois se destinait à une carrière de médecin généraliste à finalement pris une toute autre décision en optant pour des études plus artistiques à savoir le domaine photographique. Dès lors, il en avait fait son métier après obtention de son diplôme et de quelques stages bien intensif. Pour autant il apprécié ce métier qui lui permettait de gagner sa vie. Il n’aimait pas dépendre de sa famille bien que fortunée pour subvenir à ses besoins. Il était aisé par acte de patrimoine mais les choses se stoppaient bien là et pas autrement. Un sujet qui lui valait cependant quelques défauts avec sa mère, mais cela finissait toujours à la trappe pour y revenir quelques temps plus tard sur le tapis. Il devait être aux alentours de six heures trente du matin lorsque le radio réveil se mit à résonnait en fond sonore dans son appartement vaste et aux teintes modernes et claires. Passant une main dans ses cheveux en bataille, il finit par pousser les draps au bout du lit laissant découvrir le torse nu et musclé du bel espagnol. Il soupira déjà lassé de cette nuit qui lui avait semblé bien trop courte. Mais bon, le boulot étant le boulot il se devait d’être actif et présent pour faire fonctionner son entreprise, d’autant plus que son associé semblait plus préoccupé par les filles et les jouissances de la jeunesse que par le bon déroulement de leur petite affaire professionnelle. Enfin bon, Gabriel sans ces fêtes n’était pas Gabriel, cela il avait bien compris depuis leur toute première collaboration. Tandis qu’il réfléchissait encore à la journée qui l’attendait, il avait déjà filé sous la douche pour en sortir un bon quart d’heure plus tard. Enroulant une serviette autour de sa taille, le Alvace-Llave saisit rapidement ses affaires soit un jean foncé et une chemise dans les tons bleutés. Le temps demeurait plutôt clément alors autant en profiter car cela ne durerait guère longtemps. Il boutonna sa chemise lorsqu’une fois de plus son cellulaire se mit à sonner encore et toujours pour ne pas changer les habitudes. Il décrocha l’appel tandis qu’il se servait une tasse de café. Sans grande surprise, la voix de son associé fit écho à l’autre bout du fil. Gabriel semblait avoir une fois de plus pris du retard sur son boulot au bureau. « J’aurais besoin que tu ailles à la frontière française chercher les derniers clichés de ces clients, il te réclame pour une séance pour Nylon. ». « Et bien sur tu te désiste au dernier moment, il y a combien de filles dans ton lit Gabriel ? ». Un instant de silence s’installa de la part de son émetteur puis il reprit d’une voix naturelle presque décontracté. « L’habitude n’est pas bonne à perdre mon pote, surtout en matière de cœur. Allez s’il te plait j’ai besoin que tu remontes la pente de mes conneries. Et rien qu’avec son assurance et tes airs de bad boy tu fais la moitié du travail mec. ». Secouant négativement son visage amusé de la situation, le brun finit par répliquer d’une voix ironique. « Ben voyons … ». Il porta la tasse de caféine à ses lèvres et en bu une petite gorgée avant de répondre favorablement à son meilleur ami. Ce dernier avait bien de la chance de compter sur le photographe pour le tirer des mauvais pas, mais bien évidement Lorenzo ne voyait pas les choses sous le même angle. Il bossait avant tout par passion plutôt que par obligation contrairement à certaines personnes peuplant son entourage.
Mettant fin à la discussion téléphonique, l’ange rigolard fut soudain heurté de plein fouet par un petit fripon de chiot de huit mois qui semblait impatient de trouver de la nourriture à son gout. S’abaissant légèrement, il lui caressa le sommet de son crane avant de lui verser quelques bonnes croquettes dont plus d’un chiot semblait raffoler. Il esquissa un maigre sourire aux coins de sa bouche et se munit de son sac de boulot, enfila sa veste en cuir et fila d’un pas hardi en direction de son véhicule, l’un de ses pêchés mignons depuis l’enfance. Et c’est ainsi qu’il roula en direction de la frontière franco-espagnole où l’attendait une grande partie de sa journée. D’une manière tout à fait intuitive, Lorenzo sentait intérieurement que quelques choses de pas clairs tournaient dans l’air, et l’avenir n’allait pas le décevoir. La conduite n’est pas un problème pour lui bien au contraire, s’il avait pu rouler toute sa vie il l’aurait fait sans se retourner mais ses devoirs envers sa famille le rappelait toujours à l’ordre. Il ne se plaignait jamais et très franchement parlant il avait bien autre chose à faire que de râler toute la sainte journée. La fin d’après midi arrivait à grand pas lorsqu’il emprunta le chemin du retour en direction de la maison familiale où il passait encore de temps en temps. Il voguait entre deux eaux, oui c’était parfaitement cela pour le résumer de la tête au pied. A cette idée, il ria légèrement et bifurqua au coin de la rue pour enfin laisser sa Volvo sur le bord du trottoir. Claquant la porte du quatre roues, il monta poussa la porte de la maisonnée de son enfance, bruit qui semblait avoir alerté sa frangine qui se trouva rapidement sur le pas de l’entrée. Il s’apprêtait à enlever ses chaussures lorsque la malicieuse commença d’un ton emplit de sous entendus. « Lèves-toi et regarde moi. Et tiens toi droit, aussi. ». Fronçant derechef les sourcils, il se contenta de la toiser d’une œillade incomprise cherchant pour lui-même les causes de cette inspection de dernières minutes alors qu’il devait voir des collègues de travail le soir même. On aurait pu se croire dans un pensionnat du siècle dernier avec cet observatoire d’accoutrement mais venant de sa sœur, Lorenzo préférait passer sur la réflexion. « M’oui, ça devrait aller. Attends moi là, j’arrive. Et bouge pas! ». Avait elle finit par déclarer de manière plutôt satisfaite. Au moins Raquel en avait terminée avec ses regards réprobateurs et c’est ainsi le sourire sur les lèvres qu’elle monta à l’étage pour un laps de temps plutôt court. De plus en plus étonnant. Son air de malice ne la quittait pas au naturel mais en cette soirée, elle se sentait plus que positive pour une idée de génie qui lui trottait dans l’esprit, cela le brun en demeurait certain. « Raquel, si tu me disais un peu ce qui t’arrives ?! ». Sa voix calme possédait une teinte moqueuse bien qu’assez explicite pour le deviner. Apparemment la cadette de la fratrie ne comptait pas lui répondre, quelle chipie celle là alors. Et c’est avec un sourire des plus éclatants qu’elle descendit de nouveau les escaliers avec une tenue légèrement différente. « Aller, remets les tiennes, on sort ce soir, je t’emmènes quelque part. ». Il leva les prunelles au ciel peu désireux de devoir cuisiner sa sœur pour obtenir une quelconque réponse, de toute façon c’était impossible d’avance. La blondinette le pris par la main, pour le forcer à la suivre puis s’installa dans la voiture coté passager alors qu’elle entrait rapidement l’adresse de leur futur destination. Il haussa les épaules, pris place coté conducteur et en sortit son cellulaire afin de prévenir de sa non participation à la soirée entre potes de faculté, devenus collègues de nos jours. Le trajet se passa dans un silence des plus surprenants surtout venant de la part de sa voisine.
Une fois à destination, le jeune espagnol commença à comprendre les projets primaires de sa frangine, mais maintenant qu’il se trouvait là il ne pouvait pas réellement rebrousser chemin. Raquel sortit avec une vitesse surexcitée de la voiture, tandis qu’il coupait le contact. Elle toqua à la porte d’entrée son frère sur ses talons. Comme il le pensait en premier lieu se fut la douce Cora qui leur ouvrit la porte. Son visage dépeignait une expression de surprise mais aussi de gêne beaucoup trop voyante à son gout, mais qui mieux que lui pouvait comprendre ce qu’elle ressentait au fond d’elle-même ? La bonne question à la réponse douteuse. Elle regarda le jeune homme timidement et le salua tout simplement de sa petite voix calme et silencieuse. Un aspect de sa personnalité qu’il ne cessait de vouloir connaitre un peu plus chaque jour. « Salut … ». Lorenzo quand à lui se contenta d’un bref sourire amical en guise de marques de politesses, lui qui avait toujours été des plus charmants. Raquel, elle en revanche semblait des plus ravie au milieu de cette réunion plus ou moins tendue. En tout cas, elle aurait des nouvelles de son frère un peu plus tard dans la soirée. « Entrez. ». La réplique de la brunette le ramena une fois de plus au moment présent. Ils rentrèrent dans l’enceinte de la demeure, puis les deux amies d’autrefois se dirigèrent vers la cuisine. Les toisant d’une façon tout à fait narquoise et personnelle, il secoua le visage pour balayer cette situation improbable de son esprit. Il s’aventura un peu plus dans le salon lorsqu’il entendit les deux jeunes femmes rigolaient d’un même ton complice. Poussé par la curiosité, il suivit leurs rires cristallins qui le menèrent directement à la cuisine. Il s’appuya légèrement contre l’encadrement de la porte, les bras croisés sur son torse tout en répliquant. « On peut savoir ce qui vous fait tant rire ? ». Il arqua un sourcil quelques peu sceptique par l’attitude de l’une et soucieux du regard de l’autre. Ces deux là étaient impossible séparément mais ensemble cela dépassait les limites du possible. Bonjour les surprises en cette soirée improvisée ! Instinctivement ses yeux se posèrent sur la pochette qui trônait dans les mains de sa petite sœur, mais il ne fit pas réellement attention à son contenu. Le pauvre s’il savait, il n’était pas au bout de ses propres peines.
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❝ Cora Ramos-Gutierrez ❞
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Sujet: Re: (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) Mer 26 Jan - 21:24
Lorsque je repensais à mon enfance, je n'oubliais pas Raquel. Elle en avait fait partie intégralement, et c'était sûrement la seule personne à m'avoir suivie depuis le début, et qui était toujours là. Nous connaissions tout l'une de l'autre, nous avions presque tout testé ensemble. Les premières expériences, on les a fait ensemble, comme la première cigarette, la première cuite, ou encore le premier baiser. Nous expérimentions tout ensemble, avant de le faire "réellement". Ca nous permettait, d'une certaine façon, d'avoir moins peur le moment venu. Nous nous confions tout, nous étions toujours là l'une pour l'autre. Je me rappelais encore des moments passés à rire et à jouer à la Barbie. En grandissant, j'ai changé, et j'en ai conscience. J'ai pris confiance en moi, je suis devenue la reine du lycée, et je faisais fantasmer tous les garçons. Oui, j'étais ce que l'on peut appeler une garce. Je le suis toujours, et je n'ai aucun problème avec cela. Mais attention, qui dit garce ne dit pas fille facile. Je couche avec beaucoup de garçons, oui. J'aime ça, pourquoi m'en priver ? Mais ce n'est pas pour cela que je vais me taper le Tout-Barcelone non plus ! A côté de moi, Raquel. Elle n'avait pas "évolué", par sur le plan émotionnel en tous cas. A l'âge de vingt-deux ans, elle était toujours vierge. Je ne la jugeais pas, qui étais-je pour me le permettre ? C'était ma meilleure amie, et je savais que ce n'était pas de son plein gré qu'elle était encore vierge. De plus, être promise à quelqu'un que l'on a pas choisi, ça ne facilite rien. De plus, là où j'étais froide et sans coeur avec les autres, Raquel était une fille sociable et chaleureuse. Mais malgré toutes ces différences, nous nous aimions, et imaginer ma vie sans elle m'était insupportable. J'avais besoin d'elle comme l'air que je respire. D'une certaine manière, nous nous complétions.
Mais qui dit Raquel dit également Lorenzo. Lui aussi avait un rôle important dans ma vie. Je le connaissais depuis toujours. Souvent, c'était moi qui allait chez Raquel, et non pas le contraire. Les douze premières années de notre vie, ça lui arrivait de venir, plus souvent qu'aujourd'hui. Mais après le décès de mon père, tout a changé chez moi. Ma mère s'amusait à voyager avec ses nouveaux petits copains, et ne s'occupait plus de moi. A l'âge de douze ans, j'ai donc dû m'occuper seule de ma petite soeur de neuf ans, et gérer une maison à moi toute seule. Lorsque je retrouvais Raquel, je ne voulais pas rester dans l'endroit qui me rappelait tous les malheurs qui m'étaient arrivés. J'allais donc chez elle. C'est ces événements accumulés qui ont fait que je suis celle que je suis aujourd'hui. C'est à cette période que j'ai commencé à changer, et que le regard de Lorenzo a changé sur moi - très légèrement, et pas forcément de manière positive. Je savais - via sa soeur - qu'il n'appréciait pas les filles dans mon genre, mais qu'il savait que je n'avais pas une mauvaise influence sur Raquel. Du coup, venir chez Raquel ne servait plus seulement de refuge pour échapper à ma vie, ni à voir ma meilleure amie, mais également à venir embêter celui qui était, à mes yeux, le grand frère de ma meilleure amie. Jamais je ne l'ai vu autrement. Et je n'aurais jamais pensé ressentir ce que je ressentais pour lui aujourd'hui.
Tout avait changé si soudainement. Il avait suffi d'un regard pour qu'il bouleverse ma vie. Désormais, je ne pensais plus qu'à lui, nuit et jour. Il était mon unique obsession. Je n'aimais pas l'effet qu'il avait sur moi. Il m'avait complètement changée. J'étais évidemment la même garce qu'avant. Sauf lorsqu'il était là. Je perdais tous mes moyens face à Lorenzo. Je connaissais une Raquel très perspicace, et je savais que je n'avais point besoin de lui avouer mon admiration pour son frère pour qu'elle le devine. Je savais aussi qu'elle était du genre à fourrer son nez partout, et surtout dans ce qui ne la concernait pas. Il n'était donc pas étonnant de la voir débarquer chez moi avec son frère, alors que nous avions prévu une soirée entre filles. Cependant, je ne pouvais pas cacher ma surprise de voir Lorenzo en face de moi, près à entrer chez moi. Jamais je ne l'avais vu dans un tel contexte, et oui, j'étais mal à l'aise. Ce n'était pas tellement de la gêne, bien qu'il y en avait. J'étais surtout intimidée. Il avait ce pouvoir sur moi que je ne comprenais pas. Normalement, c'était moi qui intimidait les gens, et pas le contraire. Je savais qu'il savait. C'était tellement évident, même le plus idiot aurait pu le deviner. Mais je n'avais aucun moyen de contrôler cela. J'essayais donc de faire bonne figure le plus possible, et les invitais à entrer. Je m'emparais des affaires des deux Alvace-Llave, ainsi que du gâteau. Je portais ce dernier à la cuisine pour le mettre dans le frigo. A peine eus-je refermé la porte que Raquel se précipita vers moi. « Ne regarde pas ce que c’est devant Lorenzo, ce sera un truc entre nous. Il a tellement l’habitude que je lui en pique qu’il ne remarquera rien. » Je me retournais vers elle en fronçant les sourcils. Qu'est-ce qu'elle avait encore fait ? Son visage enfantin la trahissait, elle avait bel et bien fait quelque chose qu'elle n'aurait pas dû, et elle avait l'air très fière d'elle. Je m'emparais alors du sachet qu'elle me tendait et regardait à l'intérieur. Mon coeur s'emballa, et je soulevais le tissu pour être bien sûr de ce que je voyais. « Raquel, mais qu'est-ce que...?! » Je n'eus pas le temps de finir ma phrase et de passer un savon à Raquel, car Lorenzo vint se poster à l'entrée de la cuisine. Je fis un geste brusque pour ranger le caleçon - non sans me cogner à la table dans la précipitation -, et je sentis mon visage devenir cramoisi. « On peut savoir ce qui vous fait tant rire ? » Un sourire se forma malgré moi sur mon visage. Cependant, je n'hésitais pas à lancer un regard noir à Raquel. Je mis le sac dans un tiroir de la cuisine et me retournait vers eux. « Oh, rien du tout... » dis-je avec une voix malicieuse, malgré moi. Je détestais Raquel de m'avoir fait un coup pareil, mais pouvais-je réellement lui en vouloir ? Mon regard s'attarda sur Lorenzo. Je ne pouvais m'empêcher de remarquer son attitude décontractée, les bras croisés sur sa poitrine. Cela me faisait fondre. Je remis mes cheveux derrière mon oreille et les invitais à passer dans le salon. « Vous voulez boire quoi ? » dis-je en sortant des verres et en les amenant dans le salon. Je regardais autour de moi et fis une grimace. Même si j'avais assez préparé le terrain pour Raquel, je ne m'attendais pas à voir Lorenzo débarquer, du coup, j'avais laissé le salon légèrement en bordel. Je ramassais quelques affaires. « Désolé pour le désordre, je ne savais pas que tu viendrais... » dis-je sincèrement à Lorenzo, avant de glisser un regard à Raquel plein de reproches, mais également de complicité. Il n'y avait qu'elle pour faire des choses de ce genre, et c'est bien pour cela que je l'aimais. J'allais chercher les boissons, et tandis que j'étais seule dans la cuisine, je ne pus m'empêcher de dévorer Lorenzo du regard. « Cora, tu t'es perdue ou quoi ? » Je secouais la tête pour reprendre mes esprits et allait les rejoindre.
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