Muéstrame el camino
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 (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r)

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iHola Barcelona!

Cora Ramos-Gutierrez
Cora Ramos-Gutierrez

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(Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) _
MessageSujet: (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r)   (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) EmptyDim 23 Jan - 20:57

(Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) 264o03k

« Merde, Lucie, ton réveil ! » Je soupirais et enveloppais ma tête dans mon oreiller, essayant d'échapper au bruit strident du réveil de ma soeur. Âgée de seulement dix-neuf ans, elle faisait encore des études, et devait se lever tous les matins. Après la fin de mes études de psychologie, il y a quelques mois, j'avais décidé de prendre une année sabbatique avant de commencer dans la vie active. Mais faire la grasse-matinée tous les jours n'était pas chose facile avec le réveil de Lucie qui sonnait tous les matins, surtout quand cette dernière ne réagissait pas et continuait à dormir. Je l'enviais, parfois. Pouvoir continuer à dormir alors qu'il y a du bruit, ça doit être génial. Je n'avais pas cette capacité : au moindre bruit, je me réveillais. Du coup, la plupart des mes nuits n'étaient pas complètes. Cependant, à cause de cela, Lucie réglait son réveil beaucoup plus fort pour pouvoir l'entendre, et bien qu'elle dorme dans la pièce d'à côté, j'entendais tout. Au bout de quelques minutes, je me mis à crier de rage d'entendre toujours son réveil et décidais de me lever. J'ouvris la porte de sa chambre avec fureur et me précipitais vers elle pour lui arracher sa couette, ce qui la réveilla. « Tu le fais exprès ou quoi ?! » Je lui lançais un regard noir et coupais son réveil. Je sortis alors de sa chambre pour regagner mon lit. Je m'enfonçais confortablement dans ma couette, mais impossible de me rendormir après avoir bougé du lit.

Je descendis alors dans la cuisine quelques minutes plus tard, simplement vêtue d'un short et d'un débardeur, qui me servaient de pyjama. J'y retrouvais Lucie, habillée, qui déjeunait. « Désolé de t'avoir réveillée... J'ai pas entendu mon réveil. » Je la regardais en arquant un sourcil parfaitement épilé. « Sans blague ?! » Je soupirais et m'emparais d'un bol ainsi que d'un paquet de céréales, que je versais dans le bol. « Bon, j'y vais, sinon je vais être en retard. Je rentre pas ce soir, je vais chez des amis. Je t'aime. » Alors je portais une cuillère remplie de céréales à ma bouche, je sentis les lèvres de Lucie se poser sur ma joue. Je lui souris et la regardais s'en aller. Je continuais à manger en silence, réfléchissant à ce que j'allais bien pouvoir faire de ma journée. L'inconvénient de prendre une année sabbatique, c'est que la plupart de vos connaissances sont occupées la journée, et que vous vous retrouvez seul. Bon, au début, c'est marrant. Mais au bout d'un moment, vous usez toutes les solutions pour éviter de vous ennuyer. Enfin, j'avais encore du temps pour y réfléchir, puisque je devais encore prendre ma douche et me préparée.

Finalement, la journée se passa assez vite. J'étais allée faire quelques emplettes le matin, et j'avais croisé une ancienne prof que j'avais à l'université. Elle était surprise de savoir que j'avais pris une année sabbatique, mais me souhaitait tout le bonheur du monde. Nous avons pris un café avant de nous séparer. J'avais ensuite rejoint Raquel à l'heure du déjeuner, presque comme tous les jours. « Comment va Lorenzo ? » avais-je osé demander. Non pas que je cache quoi que ce soit à Raquel, elle était parfaitement au courant de ce qui se passait entre son frère et moi. Je n'avais pas eu besoin de le lui dire, elle l'avait comprise toute seule. Seulement, parler de lui me rendait toujours mal à l'aise. Sûrement parce qu'il était le seul homme à me faire ressentir ça. Je n'étais plus la même dès qu'il s'agissait de lui, et je n'avais plus aucun repère. J'étais totalement perdue, sans défense. Elle avait fait comme si de rien était, comme si ma question était parfaitement normale. « Dis, je peux venir chez toi, ce soir ? » m'avait-elle demandé innocemment. J'avais accepté tout naturellement. Après tout, je ne pouvais rien lui refuser, et plus je passais de temps en sa compagnie, mieux je me portais. Souvent, c'était moi qui venait chez elle - encore plus depuis que Lorenzo était devenu ma nouvelle addiction.

Pourquoi me faire belle pour ma meilleure amie ? Bien sûr, je n'allais pas l'accueillir en mendiante, je me devais d'être respectable. Mais j'allais pas non plus enfiler ma plus belle tenue. J'avais donc enfilé un jean tout simple, ainsi qu'un débardeur. Converses aux pieds - je ne supportais pas ne pas porter de chaussures quand je recevais -, je passais d'une pièce à l'autre pour faire la cuisine et installer la table. Bon, la cuisine n'était pas mon fort, et je risquais sûrement de l'empoisonner. J'avais tenté une paella, un plat typiquement espagnol, que mon père cuisinait souvent quand il était encore de ce monde. Ca devait sûrement être immangeable, et je savais que nous finirions sûrement par commander un plat à emporter. Lorsque la sonnerie résonna dans la maison, je me lavais les mains, la cuisine étant finie. Il n'y aurait plus que quelques petites finitions à faire au moment de passer à table. J'ouvris la porte, m'attendant à tomber sur Raquel. Elle était bien là, oui. Mais avec elle, son frère, Lorenzo. Je me forçais d'esquisser un sourire, difficile à venir à cause de la surprise. Je vis le sourire de Raquel, qui avait l'air très fière d'elle pour avoir ramené son frère. Je lui jetais un regard qui voulait tout dire, et reporta mon attention sur Lorenzo. « Salut... » Je perdais tous mes moyens en sa présence, et ça me rendait folle. Il me rendait folle. Je m'écartais de la porte pour les laisser passer. « Entrez. » Raquel, munie d'un énorme gâteau, entra la première et me serra dans ses bras. Lorenzo passa devant moi. Je lui adressais un sourire avant de regarder ailleurs. Je refermais la porte derrière eux et me retournais vers eux afin de récupérer leurs affaires pour les poser dans l'entrée, et le gâteau, que j'allais mettre dans le frigo.
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ζ QUEEN OF HEART

Raquel Alvace-Llave
Raquel Alvace-Llave

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MessageSujet: Re: (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r)   (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) EmptyDim 23 Jan - 23:58

(Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) 264o03k

Mais voyons Cora, tu sais bien que les amies c'est fait pour ça, pas vrai?

Je n’ai jamais été une grande adepte du principe de la grasse matinée. Pour moi, rester au lit toute la matinée représente une perte de temps plus qu’autre chose, et je dois dire que c’est assez gênant. D’après mes proches, je fais partie de ces gens obsédés par le temps qui passe, la perte de ce dernier et les désavantages que cela provoque. Mais il y a bien une chose que toutes ces personnes ignorent pourtant. C’est que du temps, j’en ai beaucoup perdu, et j’en ai payé le prix. A commencer par le peu d’instants que j’ai passé avec mon père, avant son suicide. Mais ne nous aventurons pas sur ce terrain, miné depuis que je suis haute comme trois pommes. Quoi qu’il en soit, c’est à huit heures et demi que mes yeux s’ouvrirent, caressés par la douceur du soleil qui filtrait à travers les persiennes de ma chambre, un sourire affiché sur mes lèvres. D’un geste rapide, je décollai mes paupières les unes des autres, et, après avoir fixé le plafond durant une toute petite poignée de secondes, je me levai et me dirigeai vers ma coiffeuse, située dans un coin de la pièce. En chemin vers le meuble, je m’arrêtais devant l’immense miroir qui ornait ma commode. En un clin d’œil, après mettre légèrement observé, je détachai mes cheveux, remettait en place le t-shirt que j’avais piqué à Damian la dernière fois que j’étais allée dormir chez lui - j‘avais pris un de ceux qu‘il mettait le plus souvent, tout simple, noir -, et je descendis le caleçon trop grand pour moi trouvé dans l’armoire de Lorenzo, celui que je préférais parmi tout ceux qu‘il avait. Je souris, de nouveau, avant d’aller m’asseoir en face de la seconde glace, accrochée au mur, au dessus de ce vieux meuble en bois qui avait passé la Seconde Guerre mondiale. De nouveau, je m’observai, plantant mon regard dans le reflet que me renvoyait l’objet, froid. Je restai là, à me fixer, pendant quelques instants. Je n’avais jamais été à l’aise devant un miroir, en particulier celui-ci, sans même savoir pourquoi. Après avoir doucement secoué la tête, je me levai, sortit de ma chambre, descendit les marches de l’escalier quatre à quatre, sautant les dernières marches, ce qui m’avait valu la dernière fois un mois et demi de plâtre et de béquilles, et finit par arriver dans la cuisine. Comme j’avais pu l’imaginé, ma mère était absente. Elle n’était que rarement là, surtout depuis ces dernières années. Elle était soit en voyage chez des amis - de préférence loin de Lorenzo et de moi - soit constamment en vadrouille dans les rues de Barcelone. Lorenzo, quant à lui, devait sûrement travailler. J’étais donc seule, du moins jusqu’à l’heure du déjeuner.

Après m’être occupée de tout ce qu’il y avait à faire dans la maison, soit ménage, lessive, repassage et tout ce qui s’en suit, sans même prendre la peine de changer de tenue, je pris ma douche. Au bout d’à peine dix minutes, mon horreur pour la perte de temps me suivant toujours, je sortis de la salle de bains en petite tenue tout en me dirigeant vers mon armoire. Comme tous les jours, je me lançai dans une chasse au trésor, le jackpot étant une tenue convenablement assemblée et surtout qui était dans l’air du temps. On ne me surnommait pas Barbie pour rien, après tout, même si mon quotient intellectuel s’avérait plus développer que celui de la poupée créée il y a cinquante ans. C’est une jean cigarette noir, troué par endroits, un t-shirt légèrement moulant et un petit gilet gris clair qui furent les heureux élus de cette loterie quotidienne. Je regardais l’horloge au dessus de mon bureau. Midi quarante cinq. J’enfilai le dernier vêtement, une paire de chaussette puis, tout en saisissant mon sac à main au passage, je redescendis les marches qui menaient à l’entrée. J’enfilai mes converses vertes et, après être sortie en trombe de l’immense maison et avoir fermé à clefs, j’enfourchai mon vélo, faute de permis de conduire, et je me dirigeai vers notre lieu de rendez-vous quotidien à Cora et à moi-même.  « Comment va Lorenzo? » m’avait-elle demandé en plein repas. Après avoir manqué de m’étouffer avec mon grain de riz, je ne pus m’empêcher de sourire, bien que légèrement pour ne pas qu’elle remarque quelque chose. Je savais pertinemment qu‘elle était raide dingue de mon frère, et le pire, ou plutôt le mieux, c‘était que son « attirance » était partagé. Par conséquent, à chaque fois qu‘ils se voyaient, ils avaient l‘air de deux grands gamins qui n‘osent pas s‘adresser la parole plus que ça. Et, à tous les coups, je ne pouvais m‘empêcher de lui commenter la scène une fois seules.  « Mmh, il va bien, il va bien. Dis, je peux venir chez toi, ce soir? » J’adorais m’incruster chez les gens. En particulier chez Cora. D’autant qu’une idée me trottait dans la tête. Nous avions pris l’habitude que ce soit elle qui vienne, surtout que sa présence chez nous se faisait de plus en plus lors des heures de retour à la maison de Lorenzo. Quoi qu’il en soit, elle accepta, et j’en fus tout particulièrement ravie.

Le soir arriva bien vite, d’autant que je n’avais pas chômé durant l’après-midi. A peine rentrée à la maison après le déjeuner avec Cora que je m’étais mise au fourneau, la recette d’un fraisier sur le plan de travail de la cuisine. Il me fallut deux heures et demi, peut-être trois, pour finir entièrement le gâteau, temps de cuisson compris. Je ne doutais absolument pas du goût qu’il devait avoir : entre mes douze et quatorze ans, ma mère m’avait apprit tout un tas de recettes délicieuse, dont celle d’un fraisier parfait, le dessert que je réussissais le mieux, suivit d’un moelleux au chocolat fondant et d’une forêt noire à en couper le souffle et émoustiller les babines. Lorsque je mis la touche finale à mon « œuvre d’art », j’entendis la porte d’entrée claquer. Un immense sourire s’afficha sur mon visage. Timing parfait. Il était presque temps de partir en direction de la demeure de Cora, située dans l’Eixample. Je détachai le tablier d’autour de ma taille, et je me dirigeai vers mon frère qui ôtait ses chaussures. Sans me manifester d’une quelque conque façon, je me plaçai derrière lui.  « Lèves-toi et regarde moi. Et tiens toi droit, aussi. » Avec un air d’incompréhension sur le visage, il se redressa et me regarda de façon étrange. Je ris tout en tournant autour de lui, l‘inspectant de haut en bas.  « M’oui, ça devrait aller. Attends moi là, j’arrive. Et bouge pas! » Je courus jusqu’à ma chambre, troquant mon t-shirt noir contre un haut sans bretelles ni manche, enfilant autour du cou un foulard, prenant mon sac et, après avoir fait un détour par la chambre de mon frère pour lui piquer un caleçon que je mis dans une petite pochette qui trouva ensuite sa place dans mon sac à main, je redescendis. Tout en remettant mes chaussures, je dis à Lorenzo.  « Aller, remets les tiennes, on sort ce soir, je t’emmènes quelque part. » Je le saisis par la main, prenant ses clefs de voiture et, passant par la place du conducteur, je m’assis côté passager en le tirant par le bras. Une fois tout les deux dans la voiture, je sortis le GPS de la boîte à gant et j’entrais l’adresse de la maison de ma meilleure amie. Je restai ensuite silencieuse durant tout le reste du trajet, évitant ainsi de répondre à ses questions quant à notre destination.

Nous fûmes rapidement arrivé et, après être sortie d’un bond de la voiture, je courus jusque la porte d’entrée. Cependant, j’attendis que mon frère soit à mes côtés avant de sonner. Comme prévu, Cora vint nous ouvrir. Je me retins de rire en voyant sa tête lorsqu’elle ouvrit la porte. Elle était surprise, ce qui était tout à fait logique. Notre soirée entre filles qui avait été prévue se transformant en blind date presque improvisé. Je levai doucement les sourcils, souriant à pleine dents, ne tenant plus en place. Elle tentait d’esquisser une sourire, mais je remarquai qu’elle se forçait. Je savais pourtant qu’au fond d’elle, elle devait être heureuse de voir la silhouette de Lorenzo derrière moi. Cora posa son regard sur moi, un regard qui voulait dire plusieurs choses à la fois. Par exemple, pourquoi as-tu emmené ton frère? Ou encore, tu sais que je te déteste? Franchement? J’aurais adoré m’avoir comme meilleure amie. La brunette adressa nous adressa un timide salut, et nous fit entrer. De suite, je lui adressai un nouveau grand sourire et je la serrai dans mes bras. Elle m’ôta le gâteau des mains et partie en direction de la cuisine. J’indiquai alors le chemin du salon à mon frère avant de suivre ma meilleure amie. J’entrai alors dans la pièce où elle se trouvait et, avant qu’elle puisse me faire une remarque, je lui tendis la pochette avec le caleçon que je venais de sortir de mon sac.  « Ne regarde pas ce que c’est devant Lorenzo, ce sera un truc entre nous. Il a tellement l’habitude que je lui en pique qu’il ne remarquera rien. » dis-je à voix basse, pressée de voir sa réaction.
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Lorenzo Alvace-Llave
Lorenzo Alvace-Llave

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MessageSujet: Re: (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r)   (Casa de Cora) ∝ We are illuminated ∝ (r) EmptyLun 24 Jan - 23:46


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Lorsque je repensais à mon enfance, je n'oubliais pas Raquel. Elle en avait fait partie intégralement, et c'était sûrement la seule personne à m'avoir suivie depuis le début, et qui était toujours là. Nous connaissions tout l'une de l'autre, nous avions presque tout testé ensemble. Les premières expériences, on les a fait ensemble, comme la première cigarette, la première cuite, ou encore le premier baiser. Nous expérimentions tout ensemble, avant de le faire "réellement". Ca nous permettait, d'une certaine façon, d'avoir moins peur le moment venu. Nous nous confions tout, nous étions toujours là l'une pour l'autre. Je me rappelais encore des moments passés à rire et à jouer à la Barbie. En grandissant, j'ai changé, et j'en ai conscience. J'ai pris confiance en moi, je suis devenue la reine du lycée, et je faisais fantasmer tous les garçons. Oui, j'étais ce que l'on peut appeler une garce. Je le suis toujours, et je n'ai aucun problème avec cela. Mais attention, qui dit garce ne dit pas fille facile. Je couche avec beaucoup de garçons, oui. J'aime ça, pourquoi m'en priver ? Mais ce n'est pas pour cela que je vais me taper le Tout-Barcelone non plus ! A côté de moi, Raquel. Elle n'avait pas "évolué", par sur le plan émotionnel en tous cas. A l'âge de vingt-deux ans, elle était toujours vierge. Je ne la jugeais pas, qui étais-je pour me le permettre ? C'était ma meilleure amie, et je savais que ce n'était pas de son plein gré qu'elle était encore vierge. De plus, être promise à quelqu'un que l'on a pas choisi, ça ne facilite rien. De plus, là où j'étais froide et sans coeur avec les autres, Raquel était une fille sociable et chaleureuse. Mais malgré toutes ces différences, nous nous aimions, et imaginer ma vie sans elle m'était insupportable. J'avais besoin d'elle comme l'air que je respire. D'une certaine manière, nous nous complétions.

Mais qui dit Raquel dit également Lorenzo. Lui aussi avait un rôle important dans ma vie. Je le connaissais depuis toujours. Souvent, c'était moi qui allait chez Raquel, et non pas le contraire. Les douze premières années de notre vie, ça lui arrivait de venir, plus souvent qu'aujourd'hui. Mais après le décès de mon père, tout a changé chez moi. Ma mère s'amusait à voyager avec ses nouveaux petits copains, et ne s'occupait plus de moi. A l'âge de douze ans, j'ai donc dû m'occuper seule de ma petite soeur de neuf ans, et gérer une maison à moi toute seule. Lorsque je retrouvais Raquel, je ne voulais pas rester dans l'endroit qui me rappelait tous les malheurs qui m'étaient arrivés. J'allais donc chez elle. C'est ces événements accumulés qui ont fait que je suis celle que je suis aujourd'hui. C'est à cette période que j'ai commencé à changer, et que le regard de Lorenzo a changé sur moi - très légèrement, et pas forcément de manière positive. Je savais - via sa soeur - qu'il n'appréciait pas les filles dans mon genre, mais qu'il savait que je n'avais pas une mauvaise influence sur Raquel. Du coup, venir chez Raquel ne servait plus seulement de refuge pour échapper à ma vie, ni à voir ma meilleure amie, mais également à venir embêter celui qui était, à mes yeux, le grand frère de ma meilleure amie. Jamais je ne l'ai vu autrement. Et je n'aurais jamais pensé ressentir ce que je ressentais pour lui aujourd'hui.

Tout avait changé si soudainement. Il avait suffi d'un regard pour qu'il bouleverse ma vie. Désormais, je ne pensais plus qu'à lui, nuit et jour. Il était mon unique obsession. Je n'aimais pas l'effet qu'il avait sur moi. Il m'avait complètement changée. J'étais évidemment la même garce qu'avant. Sauf lorsqu'il était là. Je perdais tous mes moyens face à Lorenzo. Je connaissais une Raquel très perspicace, et je savais que je n'avais point besoin de lui avouer mon admiration pour son frère pour qu'elle le devine. Je savais aussi qu'elle était du genre à fourrer son nez partout, et surtout dans ce qui ne la concernait pas. Il n'était donc pas étonnant de la voir débarquer chez moi avec son frère, alors que nous avions prévu une soirée entre filles. Cependant, je ne pouvais pas cacher ma surprise de voir Lorenzo en face de moi, près à entrer chez moi. Jamais je ne l'avais vu dans un tel contexte, et oui, j'étais mal à l'aise. Ce n'était pas tellement de la gêne, bien qu'il y en avait. J'étais surtout intimidée. Il avait ce pouvoir sur moi que je ne comprenais pas. Normalement, c'était moi qui intimidait les gens, et pas le contraire. Je savais qu'il savait. C'était tellement évident, même le plus idiot aurait pu le deviner. Mais je n'avais aucun moyen de contrôler cela. J'essayais donc de faire bonne figure le plus possible, et les invitais à entrer. Je m'emparais des affaires des deux Alvace-Llave, ainsi que du gâteau. Je portais ce dernier à la cuisine pour le mettre dans le frigo. A peine eus-je refermé la porte que Raquel se précipita vers moi. « Ne regarde pas ce que c’est devant Lorenzo, ce sera un truc entre nous. Il a tellement l’habitude que je lui en pique qu’il ne remarquera rien. » Je me retournais vers elle en fronçant les sourcils. Qu'est-ce qu'elle avait encore fait ? Son visage enfantin la trahissait, elle avait bel et bien fait quelque chose qu'elle n'aurait pas dû, et elle avait l'air très fière d'elle. Je m'emparais alors du sachet qu'elle me tendait et regardait à l'intérieur. Mon coeur s'emballa, et je soulevais le tissu pour être bien sûr de ce que je voyais. « Raquel, mais qu'est-ce que...?! » Je n'eus pas le temps de finir ma phrase et de passer un savon à Raquel, car Lorenzo vint se poster à l'entrée de la cuisine. Je fis un geste brusque pour ranger le caleçon - non sans me cogner à la table dans la précipitation -, et je sentis mon visage devenir cramoisi. « On peut savoir ce qui vous fait tant rire ? » Un sourire se forma malgré moi sur mon visage. Cependant, je n'hésitais pas à lancer un regard noir à Raquel. Je mis le sac dans un tiroir de la cuisine et me retournait vers eux. « Oh, rien du tout... » dis-je avec une voix malicieuse, malgré moi. Je détestais Raquel de m'avoir fait un coup pareil, mais pouvais-je réellement lui en vouloir ? Mon regard s'attarda sur Lorenzo. Je ne pouvais m'empêcher de remarquer son attitude décontractée, les bras croisés sur sa poitrine. Cela me faisait fondre. Je remis mes cheveux derrière mon oreille et les invitais à passer dans le salon. « Vous voulez boire quoi ? » dis-je en sortant des verres et en les amenant dans le salon. Je regardais autour de moi et fis une grimace. Même si j'avais assez préparé le terrain pour Raquel, je ne m'attendais pas à voir Lorenzo débarquer, du coup, j'avais laissé le salon légèrement en bordel. Je ramassais quelques affaires. « Désolé pour le désordre, je ne savais pas que tu viendrais... » dis-je sincèrement à Lorenzo, avant de glisser un regard à Raquel plein de reproches, mais également de complicité. Il n'y avait qu'elle pour faire des choses de ce genre, et c'est bien pour cela que je l'aimais. J'allais chercher les boissons, et tandis que j'étais seule dans la cuisine, je ne pus m'empêcher de dévorer Lorenzo du regard. « Cora, tu t'es perdue ou quoi ? » Je secouais la tête pour reprendre mes esprits et allait les rejoindre.
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